jeudi 28 février 2013

Prière "Mindfullness" d'un cardinal?

Je ne suis pas catholique et à vrai dire, dans ce mic mac d'adjectifs que l'on peut utiliser afin de se classer dans une catégorie d'appartenance religieuse, celui avec lequel je m'identifie le plus est 'agnostique'.

Avec mes patients, il nous arrive souvent d'échanger sur leurs sources de petits bonheurs au quotidien (et oui ... pour apprendre à cultiver le bonheur, faut bien commencer par identifier ce qui nous en procure). Il n'est pas rare que leurs pratiques religieuses soient évoquées: le réconfort d'une prière, le plaisir de retrouver les siens lors de la sortie hebdomadaire à la mosquée ou à l'église, ... 

Un jour, une patiente, dame d'un certain âge, au regard espiègle et étincelant, voulait à tout prix me convaincre de l'accompagner à la messe parce que selon elle, c'était "génial" :). Cette sympathique dame très croyante et pratiquante, n'a pas réussi à me convaincre à "rejoindre sa chapelle", mais lors de notre dernier rendez-vous elle m'a sorti un petit cadeau de son sac à main et m'a tendu un papier découpé avec les mots ci-dessous. En me l'offrant elle a ajouté: "Tenez, cette prière est pour vous. Elle me fait penser à nos conversations. Ça va vous plaire, j'en suis sure."

Le Cardinal Mercier écrivait : « Je vais vous révéler un secret de sainteté et de bonheur : Si tous les jours pendant cinq minutes vous savez faire taire votre imagination, fermer vos yeux aux choses sensibles et vos oreilles à tous les bruits de la terre pour entrer en vous-mêmes, et là, dans le sanctuaire de votre âme baptisée, qui est le temple du Saint-Esprit, parler à ce divin Esprit, en lui disant : O Esprit-Saint, âme de mon âme, je vous adore, éclairez-moi, guidez-moi, fortifiez moi, consolez-moi ; dites-moi ce que je dois faire, donnez-moi vos ordres; je vous promets de me soumettre à tout ce que vous désirez de moi et d’accepter tout ce que vous permettrez qui m’arrive, faites-moi seulement connaître votre volonté. »

Il ajoutait : « Si vous faites cela, votre vie s’écoulera heureuse, sereine et consolée, même au milieu des peines car la grâce sera proportionnée à l’épreuve vous donnant la force de la porter, et vous arriverez à la porte du Paradis chargé de mérites. Cette soumission au Saint-Esprit est le secret de la Sainteté. »

Ce petit papier je l'ai gardé et je le relis assez souvent (il me sert parfois de marque page). Je trouve que la suggestion de ce cardinal a une similitude frappante avec les principes de la méditation de pleine conscience. De plus cette petite prière m'a appris une grande leçon de tolérance et d'humilité. Pour moi, agnostique, certains mots tels que "Prière", "Saint Esprit" et "Paradis" m'auraient agacés. J'aurais d'ailleurs d'emblée rejeté l'idée que je puisse retirer quoi que ce soit d'un texte rédigé par un cardinal. Cette attitude arrogante, m'aurait empêché de saisir les rapprochements, pourtant si justes que cette dame avait perçu. En effet, on trouve dans cette petite prière une très bonne synthèse de ce que de nombreux neuroscientifiques ont pu modéliser avec d'autres concepts. Cela illustre aussi de façon très imagée l'importance de venir régulièrement se réfugier et se nourrir au centre de sa propre conscience. C'est en rendant des visites répétées à cet endroit, détaché de notre imagination et centré dans nos valeurs existentielles profondes, que les actions quotidiennes qui mènent à une vie épanouie prennent forme ... et sens.

Bonne journée, Namasté et ... euh Amen aussi :D

mardi 26 février 2013

Les 7 mythes de la méditation



Malgré l'engouement de popularité dont bénéficie actuellement la méditation, des incompréhensions subsistent sur cette pratique. Elles agissent souvent comme des barrières qui empêchent nombreuses personnes d'essayer de s'y lancer et ainsi profiter de ses bénéfices de santé.

Ci-dessous une démystification de 7 freins courants:

#1: Méditer est difficile.
Cette croyance est ancré dans l'image de la méditation en tant que pratique ésotérique réservé aux personnes adeptes d'une foi spirituelle intense. En réalité, lorsque vous avez des instructions de la part d'un guide expérimenté, méditer est une pratique dont l'apprentissage peut être à la fois facile et amusant. Les techniques peuvent être aussi simples que de se concentrer sur la respiration ou bien de répéter en silence un mantra dans sa tête. Une des raisons pour lesquelles méditer peut paraître difficile c'est lorsqu'on s'acharne à atteindre un état de concentration "parfait", que l'on s'attache trop au résultat de la séance de méditation ou bien que nous ne sommes pas certains de le faire correctement. Apprendre à méditer avec quelqu'un qui est qualifié pour l'enseigner est un bon moyen de s'assurer que cet apprentissage est amusant et vous aide à en profiter un maximum. Un bon enseignant est celui qui vous aide à comprendre vos expériences de méditation et vous aide à dépasser les freins les plus courants afin que vous en fassiez une pratique quotidienne de santé.

#2: Il faut calmer l'esprit si l'on souhaite réussir sa pratique de méditation
Ceci est probablement le mythe numéro 1 sur la méditation et celui qui fait que tant de personnes abandonnent frustrés. Méditer n'est pas arrêter de réfléchir ou essayer de vider la pensée. Ces deux approches ne font que accroître le stress et le brouhaha dans nos têtes.
On ne peut pas arrêter ou contrôler les pensées, mais nous pouvons, par contre, décider de l'attention qu'on y porte. Malgré le fait qu'on ne puisse pas imposer le calme à notre esprit, à travers la méditation nous pouvons apprendre à focaliser notre attention sur le calme qui se trouve dans l'espace entre les pensées. Cet espace, parfois nommé de "gap" (ndlt : trou, brèche, ouverture, ...), en est un de conscience pure, de silence et de paix. Lorsqu'on médite on utilise un support d'attention, tel que la respiration, une image ou un mantra. Ceci permet à notre esprit de se détendre et de se laisser glisser progressivement à l'intérieur de cet espace de conscience silencieuse. Lorsque les pensées arrivent, et elles le feront inévitablement, nous n'avons pas besoin de les juger ou bien de les repousser. Il suffit de ramener en douceur notre attention vers l'objet d'attention. A chaque séance il y a des moments, aussi brefs soit-ils, parfois seulement quelques microsecondes, où l'esprit plonge dans le "gap" et ressent l'expérience rafraîchissante de cet état de conscience pure. Avec une pratique régulière vous allez apprendre à atteindre et à maintenir cet état de conscience et de silence de plus en plus facilement.

Rassurez-vous, même si vous avez l'impression que vous avez été attaché à vos pensées tout le long de la séance, vous tirez tout de même des bénéfices de votre pratique. Vous n'avez rien fait de travers, ni perdu votre temps. Lorsque David Simon, co-fondateur du Chopra Center, enseigne la méditation il souligne souvent à ses élèves: "La pensée  Je suis en train de penser est peut-être une des pensées les plus importantes que vous avez jamais eu. Avant d'avoir cette pensée, vous ne saviez peut-être même pas que vous aviez des pensées. Vous pensiez probablement "être" vos pensées."
En effet, le simple fait de remarquer que vous êtes en train de penser, de vous observer en train de penser, est une percée considérable. Cette étape démarre le déplacement de votre point de référence interne de votre ego vers votre conscience. Lorsque vous vous identifiez de moins en moins à vos pensées et à vos expériences, vous allez sentir grandir en vous un sentiment de paix intérieure et d'ouverture à de nouvelles possibilités.

#3: Cela prend des années de dévouement et de pratique intense pour tirer des bénéfices de la méditation 
Les bénéfices de la méditation sont à la fois immédiats et à long terme. Vous pouvez ressentir des bénéfices dés la première fois que vous vous asseyez pour méditer et lors des premiers jours du démarrage d'une pratique quotidienne. De nombreuses études scientifiques ont mis en évidence des effets profonds de la méditation sur la physiologie corps-esprit en seulement quelques semaines de pratique. Par exemple, une de ces études, menée par l'université de Harvard et l’Hôpital de Massachusetts a trouvé qu'en seulement 8 semaines de pratique, les participants on constaté une baisse d'anxiété et plus de sérénité. Cela a également entraîné une croissance significative des aires du cerveau associées à la mémoire, l'empathie, la conscience de soi et la régulation du stress.
Il n'est pas rare d’entendre des débutants témoigner,  qu'ils ont réussi pour la première fois en plusieurs années, à bien dormir toute une nuit, après seulement quelques jours de pratique
D'autres bénéfices connus de la méditation sont celui d'améliorer la capacité de concentration, de baisser la tension artérielle et de développer les fonctions immunitaires.

#4: Méditer c'est fuir.
Le but réel de la méditation n'est pas celui de débrancher et de fuir la réalité, mais de se connecter à son véritable "Self", cet aspect éternel de nous mêmes qui reste immuable malgré le constant changement des circonstances externes de la vie. Dans la méditation vous plongez en dessous de la surface du brouhaha de votre esprit, qui a tendance à être rempli de pensées répétitives au sujet de vos préoccupations passées et futures, afin d'atteindre le point tranquille et silencieux de votre conscience pure. Dans cet état de conscience, vous lâchez toutes les histoires avec lesquelles vous vous bercez au sujet de qui vous êtes, ce qui vous limite, vos défauts - et vous expérimentez la fait que votre "Self" profond est infini et illimité.
Avec une pratique régulière vous nettoyez votre fenêtre de perception et votre clarté d'esprit augmente. Alors que certaines personnes se servent de la méditation comme d'une sorte de fuite, un moyen de faire l'impasse d'émotions non "digérées", cette approche va à l'encontre de tout apprentissage judicieux de la méditation et des techniques de pleine conscience. En effet il existe une grande variété de techniques de méditation qui ont été spécifiquement développés afin d'identifier, mobiliser et relâcher un vécu émotionnel traumatisant ou dont on a du mal à se libérer. Si vous êtes actuellement concerné par cela nous vous recommandons de travailler avec un thérapeute. Celui-ci vous aidera à explorer en sécurité et guérir des souffrances passées ce qui vous permettra de revenir vers votre état naturel d'intégrité et d'amour (ndlt: les américains aiment bien parler d'amour :) ).

#5: Je n'ai pas assez de temps pour méditer.
Il y existe de nombreux businessmen et de managers très actifs qui n'ont pas raté une séance de méditation en vingt cinq ans, et si vous choisissez de faire de la méditation une de vos priorités il en sera de même pour vous. Si vous avez le sentiment que votre agenda est trop rempli, rappelez vous que quelques minutes de méditation c'est toujours ça de pris. Nous vous encourageons à ne pas vous dissuader de méditer même lorsque vous vous dites qu'il est tard ou bien que vous vous sentez trop somnolent.
De façon paradoxale, plus vous passez du temps à méditer de façon régulière, plus vous allez avoir du temps. Lorsqu'on médite on plonge dans le domaine intemporel de la conscience, l'état qui est source de tout ce qui se manifeste dans l'univers (ndlt: yeah, new age power!). Notre respiration et le rythme cardiaque ralentissent. La pression artérielle baisse et notre corps réduit la production des hormones de stress ainsi que d'autres composants chimiques qui accélèrent le processus de vieillissement et nous donnent la sensation de courir contre la montre.
Pendant la méditation, nous nous retrouvons dans un état d'alerte reposé qui est extrêmement rafraîchissant pour le corps et pour l'esprit. Lorsque quelqu'un persiste avec son rituel de méditation, il remarque presque invariablement qu'il arrive à accomplir plus de choses tout en faisant moins. Au lieu de se battre afin d'atteindre des objectifs, il passe plus de temps dans le "flow" aligné avec l'intelligence universelle qui orchestre tout. (ndlt: pour les sciencegeeks dont j'entends les dents grincer ... Mihály Csíkszentmihályi a une théorie "scientifiquement" costaude sur ce sujet ;) )

#6: Méditer est une pratique spirituelle ou religieuse.
Méditer est une pratique qui nous amène au delà du bavardage de l'esprit dans un espace de calme et de silence intérieur. Cela ne requiert pas de croyance spirituelle spécifique et de nombreuses personnes d'orientations religieuses très diverses pratiquent la méditation sans que cela ne les mettent en conflit avec leurs croyances. De nombreux méditants n'ont aucune croyance religieuse particulière, sont athés voir même agnostiques. Ils méditent en vue d'éprouver l'état de calme intérieur que cela procure ainsi que pour les nombreux bénéfices physiques et émotionnels que cela leur apporte: baisse de tension artérielle, réduction de stress, sommeil réparateur. La méditation aide à enrichir nos vies. Cela nous permet de trouver de la joie et de vivre pleinement nos activités quotidiennes, quelles qu'elles soient ( s'occuper des enfants, évoluer dans sa carrière professionnelle, sports, loisirs ...).

#7: Je suis sensé avoir des expériences transcendantales avec la méditation
Certaines personnes sont déçues lorsqu'elles n'ont pas des expériences intenses lorsqu'elles méditent, telles que voir des couleurs, léviter, entendre une chorale d'anges ou une sensation d'illumination. Malgré le fait  que l'on puisse éprouver une grande variété d'expériences magnifiques quand on médite, dont des sensations de bonheur absolu et d'unité avec l'univers, celles-ci ne sont pas le but de la pratique.
Les véritables bénéfices de la méditation sont ce qui se passe ensuite, durant les heures de la journée où l'on mène notre train train quotidien. Lorsqu'on émerge de la séance de méditation on ramène une part de quiétude et de silence avec nous. Ceci nous permet d'être plus créatif, centré, compatissant et aimant, envers nous mêmes et envers tous ceux que l'on croise.

(ndlt: ... et sur ces belles paroles je m'en vais faire ma petite méditation du jour )

Traduction assez libre de:

http://www.chopra.com/ccl/7-myths-of-meditation/

lundi 25 février 2013

La thérapie du bien-être de G. Fava (2003)



Le psychiatre Giovanni Fava se bat depuis des années contre la sur-médicalisation en psychiatrie et la fausse route prise par les professionnels de la santé mentale qui se centrent seulement sur la réduction des symptômes de leurs patients.

Il défend notamment que la notion de bien-être soit incorporée dans la définition de guérison du DSM-IV (... en gros la bible de la psychiatrie). Et rappelle que la santé ne se réduit pas à l'absence de souffrance et de symptômes. En conséquence, son modèle de prise en charge thérapeutique ne consiste pas seulement à réduire le « négatif », mais aussi (et surtout) à cultiver le « positif ». Son approche thérapeutique (et de développement personnel) est basée sur le modèle multidimensionnel du Bien-Être (BE) de Ryff & Singer (1998). 

Le principe des interventions qu'il a imaginés est celui d'amener le patient vers un niveau d'épanouissement des six composantes de BE ci-dessous : 


Composantes
Niveau "Optimal"
Maîtrise de l'environnement
La personne a un sens de maîtrise et de compétence dans la gestion de son environnement; elle contrôle ses activités extérieures; sait saisir les opportunités; est capable de créer ou choisir des contextes adaptés à ses besoins et valeurs personnelles
Développement personnel
La personne a un sentiment de croissance personnelle ; est ouverte à des nouvelles expériences; a le sentiment de réaliser son propre potentiel; est conscient de son évolution dans le temps
Buts et sens de la vie
Le personne a des projets dans la vie et une orientation; elle sent qu'il y a une raison à sa vie présente et passée; elle nourrit des croyances qui donnent un sens à son existence
Autonomie et indépendance
La personne est auto-déterminée et indépendante; elle se sent capable de résister à des pressions sociales; régule son comportement; se compare à ses propres standards
Acceptation de soi
La personne a une attitude positive envers elle-même; elle accepte ses bons et mauvais côtés; accepte son passé
Relations positives à autrui
La personne entretient des relations chaleureuses et de confiance avec les autres; elle se sent concernée par le bien-être des autres; est capable d'empathie, d'affection et d'intimité

Pour cela le thérapeute doit proposer une prise en charge brève et individuelle aménagée sur 8 sessions de 30-50 minutes chacune. Les entretiens sont espacés d'une à deux semaines. Toutefois ce cadre peut être légèrement adapté selon les besoins et le degré d'adhésion du patient.

Le principe fondamental derrière la thérapie du BE (bien-être) de Fava est l'utilisation quotidienne d'un journal structuré où le patient doit noter des éléments relatifs à son vécu quotidien. Le thérapeute invite ainsi le patient à identifier dans un journal des épisodes de BE, à en rapporter les circonstances et à y attribuer une évaluation de 0-100 de l'intensité de BE ressentie. 

Cette prise de notes, ainsi que le dialogue avec le thérapeute sont supposés accroître la capacité d'auto-observation de l'individu relativement à son aptitude à ressentir des états de bien-être. Cette première prise de conscience serait le point de départ pour que le patient devienne acteur dans sa propre quête de mieux-être.

Lors des entretiens, Fava préconise que le thérapeute utilise des méthodes issues des courants cognitivo-comportementaux, telles que la restructuration cognitive (modification de pensées automatiques ou irrationnelles), la planification de tâches (prescription de moments de détente, exposition graduée à des nouvelles expériences), la résolution de problèmes ou encore l'affirmation de soi. Cependant, à l'inverse des techniques TCC (Ellis, Beck, ...), on amorce la réflexion à partir des situations de bien-être et non pas des situations de détresse psychologique.

Fava découpe son approche thérapeutique en trois stades différents, ayant chacun des buts et des formes d'accompagnement appropriés. 

Lors des sessions initiales, le défi premier, surtout pour des patients dépressifs, est celui d'être capable d'identifier des situations de BE. Le thérapeute se doit alors de renforcer la prise de conscience que ces moments existent même lorsqu'ils semblent difficiles à repérer. 

Dans un deuxième temps, une fois des moments de BE reconnus, le travail des sessions intermédiaires consiste à identifier, parmi les 6 domaines de Ryff, ceux qui sont affectés par des pensées irrationnelles/automatiques. Pour cela le patient est invité à inscrire dans son journal, non seulement les moments de BE ainsi que leur intensité, mais aussi les circonstances (pensées, croyances) qui ont amené à l'interruption de celui-ci. Pour le thérapeute il s'agit durant ce stade de faciliter la prise de conscience autour de ces pensées hostiles au sentiment de BE. C'est aussi à ce moment là que le thérapeute va chercher à renforcer ou prescrire des activités ou comportements susceptibles d'augmenter le BE du patient. 

Finalement, les dernières sessions sont consacrées à introduire progressivement, les 6 dimensions du BE de Ryff en fonction de ce qui est rapporté dans le journal. Il s'agit d'une approche "éducative", que l'on retrouve souvent dans les courants comportementalistes, dont le but est, en quelque sorte, de donner aux patients les clés qui lui permettront de prendre la relève et d'être autonomes à la fin de l'accompagnement.

Malgré le fait que l'approche de Fava comporte des aspects purement comportementaux, c'est surtout sur le versant cognitif que se centre sa Thérapie du BE. Les capacités d'auto-observation et de prise de conscience du patient, vont selon elle, déterminer fortement le rythme d'avancement ainsi que l'issue de la prise en charge. Fava envisage les changements de comportement comme étant plus souvent la conséquence (et l'aboutissement) de changements de schémas de représentation que l'inverse. Cette particularité suscite la question de la pertinence d'une telle prise en charge auprès de populations pour qui l'élaboration cognitive poserait difficulté.

Références bibliographiques ... pour aller plus loin:

Fava, G. (1999, July). Well-being therapy : Conceptual and technical issues. Psychotherapy and Psychosomatics, 68(4), 171-179

Fava, G.A., & Ruini C. (2003) Development and characteristics of a well-being enhancing psychotherapeutic strategy : Well-being therapy. Journal of Behavior Therapy and Experimental Psychiatry,34,45-63

Keyes, C., Shmotkin, D., & Ryff, C. (2002). Optimizing well-being : The empirical encounter of two traditions. Journal of Personality and Social Psychology, 82(6), 1007-1022 Ryff, C., & Singer, B. (1998, January). The Contours of Positive Human Health. Psychological Inquiry, 9(1), 1.


http://www.icpm.org/html/exec/fava.html

samedi 23 février 2013

Les 14 règles de vie fondamentales de Fordyce (1977)




"Au commencement était la parole" ... mais ça c'était dans la bible.
Dans la Psychologie Positive au commencement était Fordyce.

Ci dessous les 14 commandements qu'il nous a mijoté
  1. passer plus de temps en société
  2. renforcer les liens les plus proches
  3. développer une personnalité plus sociable et extravertie
  4. être un bon ami
  5. cultiver une personnalité saine
  6. avoir des attentes et des aspirations plus modestes
  7. cultiver un esprit optimiste et positif
  8. apprécier les moments de bonheur
  9. devenir plus actif
  10. s'investir dans un projet qui a du sens
  11. mieux s'organiser et planifier son quotidien
  12. développer sa capacité à vivre le moment présent
  13. réduire les sentiments négatifs
  14. arrêter les préoccupations


Selon Fordyce 1977, donc ...il y aurait chez de nombreux individus un potentiel de bonheur qui n'est pas entièrement exploité. Surtout, ce monsieur postulait que les habilités à cultiver le bonheur, seraient soumises, comme tout autre comportement, aux lois de l'apprentissage (renforcement, imitation, modelage, ... c'était les golden years du comportementalisme dans la littérature scientifique en psychologie). Ces habilités seraient donc malléables et susceptibles de se développer dans le temps. Youpi ... nous ne sommes donc pas condamnés au malheur! :D

Il a testé un programme "éducatif" auprès de plusieurs centaines de personnes, celles-ci recevaient de l'information générale sur le bonheur puis avaient comme consigne d'appliquer les 14 règles au dessus de façon, quotidienne et répétée, il étaient suivis pendants quelques semaines ... en gros un entraînement au bonheur.
Et vous savez quoi? Et bin ça a marché. Fordyce a même répliqué ses résultats et d'autres chercheurs n'ont pas tardé à s'intéresser à ses travaux.
Une nouvelle forme d'intervention voyait alors le jour.

Avec ses publications, la graine était semée. La Psychologie Positive est devenue une branche fleurissante et un centre d’intérêt majeur de nombreux chercheurs.
En France, on peu trouver beaucoup d'ouvrages de vulgarisation chez les libraires, mais des résistances culturelles font que peu de chercheurs s'y collent pour le moment. La psychologie positive, coaching, développement personnel reste encore l'apanage de personnes, probablement bien intentionnées, mais sans qualifications académiques.

Bibliographie ... pour aller plus loin:

Fordyce, M. (1977). Development of a program to increase personal happiness. Journal of Counseling Psychology, 24(6), 511-521.
Fordyce, M. (1983). A program to increase happiness: Further studies. Journal of Counseling Psychology, 30(4), 483-498.
Fordyce, M.W. (1983). A program to increase happinness. Journal of Counseling Psychology, 30, 483-498