mardi 30 avril 2013

Principe 7: La loi du moindre effort

(Suite de Guide de santé holistique: 8 principes de base)

La danse - Marc Chagal, 1950
Ce principe, qui peut prêter à sourire est une notion clé de la pensée orientale et on le retrouve tout naturellement parmi les préceptes de la santé holistique.

Plus encore que les précédents, il implique un retournement de perspective sur notre façon d'envisager nos activités quotidiennes. Apprendre à l'appliquer dans notre train-train d'occidentaux débordés est un important exercice de lâcher prise. Contrairement à ce que l'on peut penser au premier abord, son emploi requiert un joli travail sur la confiance en soi, en autrui et en la vie en générale.

Pourquoi la loi du "moindre effort" nous pose autant de difficultés?  Parce qu'elle est totalement "étonnante" et contraire à l'idéologie dominante dans nos sociétés du "travailler plus pour mériter plus". Parce qu'elle nous demande, plus que toutes les autres, de retrouver notre foi... et ce concept, hé bien il peut en coincer plus d'un! Surtout parmi ceux qui, comme moi, ne sont pas adeptes de pratiques religieuses.


La loi est très simple. Il suffit donc de s'abandonner aux hasards de la vie avec assurance et moindre effort. Avancer avec la confiance inébranlable que pour vivre une vie épanouie et créative il suffit de suivre en dansant la voie(voix) de sa joie intérieure. (Étymologiquement confiance = avec foi).

S'il est vrai que l'effort, l'ambition et la planification nous permettent d'accomplir des projets dans le domaine matériel, ceci a un coût au niveau de notre organisme. Lorsque nous "tirons trop sur la corde" cela finit par se traduire par les sympathiques manifestations de stress que nous connaissons si bien.

Ce stress, lorsqu'il s'installe dans la durée, n'est rien d'autre qu'un gros panneau qui nous indique : "ATTENTION!". Des ajustements sont à faire dans l’itinéraire, des changements de direction ou peut-être même une inversion de marche?

Dans l’Ayurvéda, les accomplissements possibles avec l'appui de nos efforts individuels sont minimes en comparaison à ceux qui sont à notre portée si nous nous unissons à l'intelligence de notre dharma (ndlt: dharma = sens de la vie). De plus ces derniers seraient moins "fatigants".

D. Choprah nous invite à rechercher "le champ de potentialité pure" ("pure potentiality"). C'est selon lui un état que tout individu peut atteindre de façon spontanée et sans effort. Il suffit pour cela d'accomplir, à corps et âme, une tâche qui nous procure le sentiment de réalisation (valider un diplôme, jouer un instrument, pratiquer un sport, écrire un roman, monter un dossier professionnel, écrire un article dans un blog, ...).
"Il y a une chanson unique à l'intérieur de chacun de nous et peu importe qui nous écoute ou ce qu'ils en pensent. Nous voulons simplement la chanter. Nous voulons simplement suivre son rythme et danser en tandem avec son élan."

Cette histoire fait également drôlement penser au "flow" décrit par les Psychologues, état de bien-être et de créativité qui intéresse beaucoup les managers de ressources humaines (cf. par ici pour la conférence TED sur le "Flow" par le Psychologue Mihaly Csikszentmihalyi). 


Tout ceci semble donc génial, n'est-ce pas? Néanmoins, pour danser cette danse, nous devons y consacrer notre temps et notre attention sans quoi la mélodie serait cachée par la brouhaha d'une vie trop agitée.

p.s : Je dois vous avouer que j'ai encore du mal à pleinement saisir et à me laisser aller à la pratique de cette loi du moindre effort. Et pour être encore plus honnête, j'ai encore plus de mal quand je repère mes enfants en plein entraînement de cette devise orientale. Cela va tellement à l'encontre de ce que nos éducations nous inculquent, mais je vous la laisse donc ... à pratiquer, à méditer ... sans effort ;).





jeudi 4 avril 2013

Non, Kate ne déprime pas ... elle a les racines qui poussent!

Racines - Frida Kahlo, 1943

Les mots que l'on utilise au quotidien sont importants. Ils sont les manteaux avec lesquels nous habillons nos perceptions. Ils font appel à nos représentations du monde et éveillent notre imagination. Ils sont l'enveloppe très personnelle des messages que nous exprimons et sont toujours fortement liés à nos histoires et à notre façon très unique de percevoir la vie.

Je vous invite à l'exercice suivant: pendant une journée soyez attentifs aux mots que vous utilisez, dans vos pensées comme dans vos échanges. Sont-ils chargés de symbolique négative ou positive? Est-ce qu'il y a des mots ou bien des expressions qui reviennent? Qu'est-ce que ces mots racontent sur vous?

Puis les jours suivants, jouez à trouver des mots différents. Soyez créatifs et restez attentifs aux effets que ces nouveaux mots ont sur vous et autour de vous. Expérimentez, jouez, amusez-vous (votre enfant intérieur ainsi que ceux de votre entourage vont adorer) et rappelez vous de noter régulièrement dans vos agendas une petite révision de lexique.

Jouer à changer les mots avec lesquels on décrit une expérience ou une situation est un exercice puissant et très facile d'élargissement de la conscience. En plus cela peut être drôle :) ... et rien de tel qu'un peu d'humour pour aérer nos schémas sclérosés.

Cette réflexion sur les mots est l'occasion pour moi de vous dire que je ne suis pas vraiment fan du mot "dépression" (ni de ses dérivés). Je l'écris ici, mais j'ai décidé volontairement de réduire au strict minimum son emploi. Quel intérêt d'enfermer une expérience humaine dans un mot si négativement connoté? J'en ai pas l'envie.

Ce mot m'agace d'autant plus qu'il me rappelle souvent des situations où quelqu'un dit: "Bidule est en dépression, faut le sortir de son trou, faut qu'il bouge un peu son c**, etc. etc."

Certes, il y a sûrement des personnes étiquetées de "déprimées" ou de "dépressives" à qui cela ferait du bien de se ravigoter un peu. Aussi, lorsque nous sommes au fond du trou, c'est important de savoir qu'on ne nous a pas oublié et qu'il y a des mains tendues auxquelles s'agripper. Mais nous avons aussi besoin que l'on respecte cet élan naturel de repli sur soi. Les humains ont un besoin inné de se régénérer dans le calme et l'inertie. Et parfois cela peut prendre du temps! C'est tout naturellement qu'un individu traversant une épreuve difficile puisse éprouver le besoin de "se retirer" un peu plus longtemps que ce qui est prévu par son entourage.
Chercher à l'en sortir alors qu'il n'en a pas la volonté, alors que ce n'est pas encore le moment pour lui, c'est peut-être plein de bonnes intentions, mais cela ne fait que ralentir le processus. C'est déjà assez difficile de se laisser aller à oser "plonger en soi". C'est souvent bien plus facile et tentant de décaler nos rendez-vous avec nous-même et de nous laisser appâter par les diverses distractions du monde moderne. Si en plus l'entourage s'y met aussi à nous extirper de notre travail intérieur ... et bien, autant vous dire, qu'on n'est pas sortis de l'auberge :).

Hier je suis tombée sur l'extrait en dessous dans le livre "Le serpent à plumes"(1926) de D.H. Lawrence. Dans ce roman, Kate, jeune femme irlandaise, se retire seule au Mexique en plein deuil de son mari. Les premiers chapitres sont consacrés à décrire à quel point elle trouve tout ce qu'elle voit décadent et morbide: les paysages, le peuple, les traditions, les conversations (les collègues psys diraient qu'elle déprime ;) ).

Puis un jour, alors qu'elle hésita à prolonger son séjour, un mexicain lui a offert des mots. Leur symbolique a ouvert une nouvelle perspective à son voyage. Partir maintenant serait une erreur. Non, Kate ne déprime pas ... elle a les racines qui poussent!

"[...] le Mexique vous abat comme un énorme poids! Mais peut-être vous abat-il comme la force de la gravitation de la terre vous attire, pour que vous trouviez votre équilibre sous vos pieds? Peut-être vous attire-t-il comme la terre attire les racines d'un arbre pour qu'il s'agrippe profondément au sol. Les hommes font encore partie de l'arbre de la vie dont les racines s'enfoncent au centre de la terre. Les feuilles détachées et les aéroplanes sont chassés par le vent [...]; mais l'arbre de vie est ancré avec des racines profondes et solides. Peut-être avez vous besoin d'être abattue bas très bas, jusqu'à ce que vos racines puissent atteindre les profondeurs, afin que vous puissiez pomper la sève et, plus tard, dresser à nouveau vos feuilles vers le ciel. Pour moi les hommes sont semblables à des arbres, à des forêts. Les racines, profondes et vivaces donnent de nouvelles pousses, même lorsque l'arbre a été jeté bas."